Voici la photographie de Barak et Michelle Obama diffusée lors de la réélection du président des USA le 7 novembre dernier:
Prise par la photographe Scout Tufankjian, le 15 août 2012 (avant la réélection), elle a été choisie par le service de communication du président pour célébrer cette victoire et a fait le tour du web. Bien sûr, le couple s’est enlacé et la scène a bien eu lieu. Il n’en demeure pas moins que cette photographie n’est pas objective et n’est pas documentaire, si l’on entend par documentaire le fait qu’elle restitue naturellement cette scène. Elle est une image construite. La prise de vue en contreplongée isole les deux protagonistes d’un décors banal de campagne et magnifie le geste. Mais surtout, cette photographie fait l’objet d’un usage et est utilisée dans un contexte: celui de la réélection. Alors qu’elle a été prise quelques mois avant, elle raconte – dans le contexte de la victoire d’Obama – la joie d’avoir gagné. Cette information ne fait pas partie de la prise de vue de départ: elle lui est attribuée par l’usage qui est fait d’elle a posteriori. La comparaison avec d’autres images d’enregistrement du même moment aide à se rappeler cette évidence, car ces images ont un pouvoir de réel si fort qu’elles font souvent oublier leur élaboration. C’est dans ce sens qu’il faut entendre l’expression: « une image n’est documentaire qu’à la condition d’être elle-même documentée ».
Voici une autre prise de vue de la scène: le baiser et l’embrassade de Michelle et Barak Obama à 12mn 35.
Voir aussi:
André GUNTHERT, « La Photo de la victoire est sur twitter« , Totem, 7 novembre 2012.
Laure BEAULIEU, « Les photos officielles de la Maison Blanche vues par des photographes français« , Slate, 6 novembre 2012 (voir aussi le diaporama).
[…] « Une image d’enregistrement est une construction (note rapide) […]